vendredi 20 avril 2012

Chrétiens anti Hollande... pro Sarko... ou juste focalisés sur 3/4 thèmes???


Avant propos : Désolé pour l’absence de découpage de cet article mais c’est une réponse donnée aux nombreux mails de chrétiens que j’ai reçu. Ces mails parlaient de bioéthique et s’appuyaient pour certains sur un tableau fourni par le mouvement Alliance VITA (d’où une présentation très anti Hollande mais aussi anti Bayrou !). Voici le lien :
(ainsi que pour un des mail, un bout d’article copié du site « SOS Homophobie »)



(Je m’adresse au départ à ceux dont j’ai reçu le mail !)
Merci ……. pour ces éclairages, mais tu te doutes bien qu'à part me faire bondir et m'attrister encore sur le choix des chrétiens, cela ne produira pas chez moi quelque chose de très positif. 

         Pour commencer, l'association SOS Homophobie est très proche du parti socialiste d'où son oubli de nous parler par exemple du front de gauche (Jean-Luc Mélenchon) qui a pris des positions sur ces sujets mais met en avant la démocratie et demandera un engagement des citoyens sur un certains nombre de sujet avec la 6ème république qui le permettra bien plus. Je veux rester attaché à la démocratie et à l'idée que le peuple peut prendre en main son avenir et ses décisions et ce, particulièrement, sur des sujets de société comme ceux ci, qui n'ont pas à être traités dans l'urgence et divisent à l'intérieur même des camps!! (On peut être de droite et pour le mariage homosexuel par exemple ou de gauche et contre... et rien ne justifie de se faire élire avec ça dans le "package"). Ces thèmes ont été choisi par Hollande et Sarko pour ne pas parler d'économie (ce qui aurait montré la tendance "social démocrate libérale" de l'un, pas cool pour quelqu'un qui aura besoin des voix de la "vraie" gauche au 2ème tour; et aurait fait parler du bilan désastreux et incohérent de l'autre). 

         Si je regarde le tableau et en tire les conclusions souhaitées, je suis censé voter au mieux pour Marine Le Pen au 1er tour et Sarkozy au 2ème, c'est ça?? Je rappelle que Sarkozy en 2007 était pour l'union des homosexuels et préparait la possibilité d'adoption avec le statut reconnu de "beau parent"! Mais c'était à une époque où Royal divisait énormément chez les homosexuels et le PS n'avait pas trop pris de position sur ce sujet. Là, la position du PS est très clair alors, comme je le vois actuellement chez pas mal de chrétiens la "position stratégique" de Sarko est bonne; la possibilité de "voter contre Hollande" permet de n'avoir à adhérer à rien d'autre... Mais bon si Sarkozy avait une vision ça se saurait, lui qui critique ceux qui veulent remettre en question les traités européens puis propose de sortir de Schengen, lui qui disait à Robert Hue qu'il était un "dinosaure" incapable de comprendre la nouvelle économie mondialisé quand ce dernier proposait la taxe Tobin en 2000... pour la reprendre finalement l'an dernier, lui qui a enlevé tant d'argent dans le social et fermé des hébergement d'urgence mais en a gardé sous le coude juste pour les soirs de très grand froid pour ne pas avoir de morts, lui qui nous a foutu la trouille avec l'évasion fiscale en 2007 justifiant la baisse du bouclier fiscal pour nous trouver (enfin le trouver dans le programme du front de gauche) l'idée que comme les américains, on pourrait poursuivre les évadé fiscaux (car on sait où ils vont, y'a pas tant de "paradis fiscaux" que ça et que ce sont des pays démocratiques) et leur faire payer la différence entre ce qu'ils payent sur place et ce qu'ils auraient du payer,... sans parler du rôle de la BCE...

         Ce que je n'aime pas dans le fait de mettre en avant ce genre de tableau c'est que c'est une réelle et forte prise de position "sans en avoir l'air" et surtout sans prendre le risque d'afficher clairement ce que l'on propose. Tout chrétien qui choisi Sarkozy ou Marine me semble tout aussi aberrant que pour toi, un chrétien qui choisirait Hollande ou un candidat de gauche. Il y a donc nécessité de discuter et d'argumenter ses choix, au delà d'une simple position idéologique. Oui dans plusieurs pays d'Europe, l'extrême droite est au pouvoir et cela a été rendu possible en particulier par ce genre de "non discours". Marine Le Pen n'est plus, étonnamment, contre l'avortement car cela ne fait pas recette mais elle dit que "si il n'y a pas assez d'argent en France, elle proposera son déremboursement car ce n'est pas une priorité". Et bien moi dans le contexte actuel, j'assume d'être pour un remboursement à 100% de l'avortement car soit on l'interdit (mais personne ne le propose), soit on n'accepte pas de ne le rendre possible qu'aux seuls personnes ayant les moyens; si d'aucun estime que c'est une solution face à certaines difficultés de la vie (je l'ai même entendu de la part de chrétiens) alors il faut que l'argent ne soit pas un frein pour ceux qui n'ont pas les moyens financiers de l'assumer. 

         Ce qui est moins mis en avant par ce site "o combien objectif" puisque cela vient d'un mouvement fondé par Christine Boutin, celle qui nous a fait une fronde anti Sarko avant de se rallier (très rapidement...) avec un courage incroyable et une conviction indestructible, c'est que par exemple Marine Le Pen (et une partie de la droite) est pour l'adoption prénatale, ce qui amène à l'idée de mère porteuse, avec une conception du corps des femmes et de l'enfant qui est tout aussi inquiétante et permettra bien sur à des gens qui ont de l'argent de pouvoir avoir un enfant "fait par d'autre"; mais là, aucune ligne dans ce petit tableau car bien sûr ça ne doit rien avoir à voir avec le "respect de la vie".  Tant qu'à prendre des arguments sur "le respect de la vie", autant aller sur le site du FN, ils sont plus clairs encore!! 

         Car penser au "respect de la vie" ce n'est pas prendre les choses par un bout et en exclure le reste : l'éducation en décrépitude mais une aide aux écoles "privées", les médicaments dé remboursés, les logements sociaux en moins, 8 millions de pauvres quand des gens se goinfrent, des professeurs de plus en plus dégoutés, moins nombreux (et on trouve de moins en moins de volontaires en plus!! moins de 2 candidats pour un poste... plus de 5 il y a 10 ans quand je passais le concours... ça promet de bons profs!!), des gens qui se retrouvent profs sans qualification autre qu'un diplôme universitaire (et souvent des gens pas compétent qui en ont marre du privé et ne sont pas là pour transformer la vie des élèves...), ... Alors parlons du sens de la vie. Pas d'avortement "pour les pauvres" et dans le même temps, de moins en moins d'argent pour la DASS; et de moins en moins d'argent pour le social sachant que les enfants de pauvres qui n'arrivent pas à s'en sortir risquent fort d'avoir beaucoup de mal eux aussi dans la vie; ça ne semble pas hypocrite? Pas d'euthanasie mais de moins en moins d'argent dans les hôpitaux pour s'occuper des gens très gravement malades, de nos anciens très grabataires ou devenus séniles, ... Par contre si on a de l'argent et qu'on peut parquer des parents dans des maisons privés en allant les visiter une fois par semaine, alors là, on est quelqu'un de bien! Il faut prendre les problèmes dans une globalité et tout pour moi ramène à une envie forte d'une fonction publique forte qui a les moyens de s'occuper des gens, de manière égalitaire avec pour condition que tout le monde (et surtout ceux qui le peuvent) participent à financer pour tous. 

         On associe souvent la foi en Dieu à la morale. Alors Dieu est d’accord avec l’idée : 
- qu’il y ait des maitres et des esclaves ? 
- qu’il y ait une monarchie (là on voit clairement que c’est le peuple qui le demande et Dieu qui obtempère, par exemple, sans vraiment aimer ce projet !)  
- que l’homme ait plusieurs femmes ? (il y  a pas mal d’exemples dans l’ancien testament) 
- qu’on ait un enfant avec sa servante ? (par exemple Rebecca remerciant Dieu d’avoir été exaucé quand sa servante a un enfant de Jacob…) …. 
etc 
         Je ne pense que pas que Dieu soutienne non plus ces visions de la vie, mais il a béni et ne s’est pas exprimé à l’époque sur ces façons d’envisager la société. La place des femmes a mis beaucoup de temps à être équilibrée et ne l’est pas encore  (je suis pour l’égalité des droits hommes – femmes à fond), beaucoup de chrétiens étaient (voir sont) contre cette égalité de DROITS et combien demandent à des femmes de mettre encore le voile pour prier, ou n'acceptent pas qu'elles prennent certaines places dans les églises (comme prêcher par exemple)... et je ne pense pas que Dieu voulait de l’inégalité dès le départ. Jésus a fait avec la société dans laquelle il était et il a amené l'Amour dans chaque sujet. 
Reprenons la femme adultère. Jésus ne s'affiche pas contre la lapidation : était-il pour (comme j'ai pu l'entendre)?? Sa prise de position fut plus large, car il savait que des "tradi" allait le piéger et il se servir de l'intelligence pour remettre en place ces gens et les remettre face à leur propre choix. C'est ce que je ferai si on autorise l'euthanasie et ce que je fais dans des cas d'avortement; ramener chacun à faire un vrai choix en ayant conscience de ce qu'ils font. Pour autant, Jésus n'était pas pour l'adultère, je pense qu'il considérait l'adultère comme une chose "mal" mais sa répression par d'autres ne lui convenait pas; il préférait mettre en avant l'Amour et permettre à cette femme de choisir de ne plus pêcher.  Et dans la société de l'époque combien de croyant ont du le prendre pour un fou : c'était LA LOI, cela faisait consensus chez les juifs et il était juif, ce qu'il disait enlevait la "peur de faire le mal", la "punition pour ceux qui fautent",... ils devaient le trouver très "libéral" et le prendre pour quelqu'un qui déréglait les valeurs bibliques. Aujourd'hui cela fait consensus à priori chez les chrétiens et loin de nous l'idée de lapider une femme; mais on préfère garder cette histoire pour ce qu'elle raconte de ce fait de société que de se demander comment réagirait Jésus dans une société si inégalitaire, se focaliserait-il sur les sujets dont on m'a amené à parler ou irait il plus globalement? quelle serait sa prise de position? Je ne dis pas que ce serait la mienne, juste comme je l'entends rarement, je redis que je suis chrétiens, que je choisis d'essayer de suivre Jésus le plus possible et que ça ne m'amène pas aux conclusions d'un grand nombre. 

         Certes il y a un idéal qui est le mien, il y a un idéal des chrétiens (qui n’est pas toujours le même suivant les chrétiens d’ailleurs), des musulmans, des athées, des juifs,… Beaucoup à mon sens partagent le même idéal (d’où le nombre toujours aussi important de mariages, le nombre de personnes qui recherchent « l’Amour pour toujours », etc…). Mais là où avant la loi interdisait, aujourd’hui elle permet - ou veut permettre - et demande à chacun de faire des choix. Moi cela me semble aller dans le sens de ce qu’a amené Jésus, de ce « tout m’est PERMIS, mais tout ne m’est pas profitable », etc…  encore une fois, Jésus, à mon sens était contre la lapidation, mais il ne s’exprime pas sur ce sujet… c’était la règle à l’époque, il ne la contredit pas… il se contente de donner son point de vue en RAMENANT CHACUN FACE A SA PROPRE RESPONSABILITE. Je crois que si les disciples de Jésus (au sens de ceux qui pratiquent ces commandements, c'est à dire le "commandement et son équivalent" qui consiste à aimer Dieu, à aimer les autres comme soi même) font leur "travail", amène l'Amour, questionnent, répondent aux situations "au cas par cas" comme le faisait Jésus en discernant,... et bien la société sera transformée et le bien sera choisi. Je suis toujours plus d'avis de laisser les gens faire des choix et pour moi, le bien ne "gagne" pas quand on n'a pas la possibilité de faire le mal mais je pense qu'il gagne quand des gens choisissent de le pratiquer, de le vivre et font des choix pas "pour faire bien" mais en mettant l'Amour au centre de leurs décisions. 

samedi 18 février 2012

Bible et Parole de Dieu…


Avant propos 1 : (Aout 2011) Merci aux lecteurs de ce blog. Beaucoup de temps écoulé depuis mon dernier article, pas grand chose à dire pendant un certains temps (et oui ça m’arrive), pas le temps ensuite et puis un manque de motivation… Bon je vais me reprendre mais j’aurai bien moins le temps pour cette nouvelle année scolaire donc… soit je réduis les articles (je sais que je ferai des heureux !!) soit j’en ferai moins… on verra !

Avant propos 2 : (Janvier 2012) Il m’a fallu plus de 6 mois pour boucler ce texte, la reprise d’un plein temps a eu raison de moi…Pour attaquer 2012, je vais quand même recommencer à écrire un peu, nous verrons si ce sera plus régulièrement que la deuxième partie de 2011 !! J’espère que ceux qui seraient rebutés par le titre, prendront le temps d’aller jusqu’au bout et d’essayer de comprendre ce point de vue qui en est un parmi d’autre et ne se veut en rien être la vérité. Cet article est très long, mais après 6 mois, il fallait quand même de la matière !!
(Je conseille aux nouveaux lecteurs une lecture chronologique, donc inverse de la présentation de ce blog pour mieux comprendre le cheminement de ma pensée – oui, je suis désolé, je ne sais pas mettre les articles dans l’autre ordre et ne sais pas si c’est possible d’ailleurs !).
  
« La bible est la parole de Dieu »

Difficile en tant que chrétien d’aller contre cette phrase ; particulièrement dans les milieux évangéliques pour qui cette « vérité » relève quasiment du dogme et semble aussi indispensable à croire que la transsubstantiation – présence réelle du corps et du sang du Christ dans l’eucharistie – chez les catholiques, voir que la trinité ou le fait que Jésus soit le fils de Dieu.
J’avais rarement eu envie de parler de ce sujet, tant il ne me paraissait pas fondamental pour vivre ma foi mais devant les réponses dures, violentes faisant suite à une simple nuance apportée à cette phrase, j’ai été poussé à creuser la question. De nombreuses personnes font dire ce qu’ils veulent à la bible et sortent cette phrase pour « obliger » des gens à adhérer à leurs projets. Et puis la distinction entre « parole de Dieu » et « écritures » étant faite dans la bible, certaines phrases bibliques prennent un tout autre sens si on remplace « parole de Dieu » par « bible » en lisant.
Le point de départ de cet article vient d’une discussion qui date de plus d’un an ; discussion pendant laquelle je remettais en question cette phrase (qui permettaient à mon interlocuteur de justifier des choses qui ne me semblaient pas justes et surtout de me les imposer comme « Vérité »). Celui-ci me demanda « Et bien dis-le alors, dis le : la bible n’est pas la parole de Dieu ». Bien évidemment le dire de cette façon est complexe et peut-être très mal compris, et la personne qui me le demandait savait très bien dans quelle situation elle me mettait, moi qui lit très régulièrement la bible et accorde une grande importance à ses enseignements. C’était une provocation mais qui m’a amené à une réelle réflexion sur ce que je pensais réellement, et m’a incité à trouver des réponses pour ne pas me retrouver dans cette situation impossible où en répondant je me mettais mal à l’aise et caricaturais ma pensée, et en reniant, je donnais raison à des choses auxquelles je n’adhérais pas.
S’en suivirent deux moments clés : une discussion il y a environ six mois avec une personne assez fermée qui affirmait des choses et ne permettait pas vraiment un avis différent du sien, puis une prédication basée sur cette phrase de départ « la bible est La Parole de Dieu », prédication qui, je pense, pouvait amener à des dérives certaines et me permis de me voir classé dans la case des « protestants libéraux », ce qui, au vue de mes convictions politiques, m’a semblé fort drôle (pour une fois qu’on me « traite » de libérale, ça change !! lol).

La focalisation sur l’ « intellect »

Dire « la bible est La Parole de Dieu » signifie que tout se trouve dedans, et que c’est par une étude réfléchie et intellectuelle que l’on peut parvenir à décrypter – ou se rapprocher -  de La Vérité. Cette façon de voir les choses est souvent en lien avec des « études bibliques », soit dans des écoles soit au moyen de livres, qui donnent de surcroit une certaines façons de lire les choses, de les comprendre, de les analyser, …
Un des point qui m’a le plus dérangé est cette focalisation sur la lecture, le raisonnement, … Durant les deux derniers millénaires, il y a eu bien plus de personnes ne sachant pas lire que de personnes sachant lire. Aujourd’hui encore, nombre d’entre nous n’aiment pas lire (voir ne savent pas), d’autant moins un livre aussi complexe, et n’aiment pas non plus raisonner, argumenter, rechercher intellectuellement (« se prendre la tête » comme on me dit souvent). La « Parole de Dieu » serait donc réservée aux érudits, aux gens capables de raisonnements,… (il ne s’agit pas juste de lire, mais de comprendre, d’être capable de remettre en question, de ne pas suivre un courant ou une façon de penser,…). Ce qui pour moi pose problème avec une phrase de Jésus :

Texte de l'Évangile (Mt 11,25-27): «Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange: ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l'as révélé aux tout-petits».

Je ne recherche pas ici une guéguerre de passages bibliques, mais force est de constater, qu’en lisant les évangiles, le discours de Jésus est plus porté vers une accessibilité à tous et surtout aux moins savants que vers une recherche intellectuelle réservée à ceux qui en ont la capacité (à l’époque de Jésus, Paul et autres, très très peu de personnes savent lire et les livres ne sont pas très rependus).



Une autre lecture…


Texte de l'Évangile (Timothée 2, 3–16): «Toute Ecriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, ».

Associer, dans cette phrase des écritures, « bible » et « Parole de Dieu » revient à dire que pour « reprendre » un frère, la Parole de Dieu ne serait pas « nécessaire et suffisante » mais seulement « utile » ; et que la Parole de Dieu est « inspirée de Dieu ». Je crois volontiers que la bible, les écritures, sont inspirés de Dieu mais la Parole de Dieu EST Dieu. Le début de l’évangile de Jean est très explicite sur ce point. Dans sa vision de la trinité, Jean parle de Dieu, le Père ; du Saint esprit et de la Parole, qui pour moi est Jésus.

Texte de l'Évangile (Jean 1, 1): «Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu. ».

La Parole est donc, selon Jean, antérieure à Jésus (je parlerai de « Jésus », celui qui a été homme et présent sur la terre pendant une trentaine d’années). Pour moi, cette Parole est le « contact réel et intelligible de Dieu avec les Hommes », comme par exemple quand Dieu parle au début de la Genèse et que l’Homme l’entend et lui répond (Dieu parle même avant la présence de l’Homme, d’où ce « Au commencement était la Parole » ; notamment pour créer la terre. La Parole est créatrice et est avec Dieu dès le commencement). De même, quand Dieu parle avec Moïse, etc… Jésus est LA Parole qui s’est faite chair, Dieu qui s’est fait Homme pour parler à l’Homme, lui montrer un chemin par un témoignage de vie (et non un « raisonnement »), le toucher au plus profond de son cœur dans une relation personnelle (inconcevable pour la plupart des croyants avant Jésus) et réaliser, par sa mort, un acte spirituel et « intellectuel » (un sens profond à ce sacrifice) puissant.

Une petite histoire

Ma sœur est handicapée, mentale et moteur. Elle parle difficilement, ne sait pas lire. Mais elle prie, aime Dieu, vit des moments intenses, que l’on peut observer, avec Dieu. Je suis persuadé qu’elle a un contact privilégié avec Lui, qu’elle reçoit sa Parole. Pour autant, lui demander de lire, ou lui faire la lecture des histoires de l’ancien ou du nouveau testament est quasiment sans effet sur elle, au moins du point de vue de la compréhension. C’est comme cela que je comprends le message de Jésus quand il parle des « tout petits » ; et je crois intimement que certains ont cette chance de pouvoir avoir une relation intime qui passe peu par « l’intellect » mais qui est d’autant plus touchant et fort avec Dieu.


Conséquences de cette association

Une des conséquences – qui me semble la plus dangereuse – est la possibilité de rentrer dans une vision religieuse (au sens où Jésus le critiquait) avec des gens qui imposent leur interprétation de la bible et rendent cette interprétation obligatoire pour tous. De cette façon, de nombreuses phrases peuvent être prises pour imposer diverses lois, diverses façon de fonctionner.
Dire « nous nous appuyons sur la Parole de Dieu » (ce que je veux faire aussi) prend donc le sens de « nous nous appuyons sur la bible ». Or, il y a pour moi, impossibilité de fonder nos convictions, et encore moins celle d’une assemblée, sur un texte. C’est Dieu qui nous révèle les choses, il se sert de nombreux moyens, y compris de la bible qui est un texte fort, puissant et, en particulier pour le nouveau testament, nous relatant la vie de Jésus, ce Jésus qui est le chemin à suivre pour tout chrétien, Celui qui nous offre de nous examiner, en comparaison avec sa Vie, pour savoir si nous sommes ses disciples.
Il faut bien évidemment faire très attention car le chemin est étroit (mais n’est-ce pas ce que nous dit Jésus sur le chemin que nous avons à suivre) : replacer la bible et la Parole de Dieu à une place qui me semble plus juste, ne signifie en rien ne pas se référer aux écritures, n’en tenir aucun compte ou autre, mais au contraire rappeler que la Parole de Dieu est plus que ça, qu’Elle est à écouter au fond de notre coeur, qu’Elle est notre chemin, notre Vérité (Elle EST Dieu selon Jean). Séparer donc ces deux choses permet de redonner la place qui est due dans nos vies à la Parole de Dieu et de ne pas faire de la bible, Dieu. En effet, si l’on reprend le début de Jean en associant « bible » et « Parole de Dieu », cela donne « Au commencement était la bible et la bible était avec Dieu et la bible était Dieu » !!

« LA » et non « une » ou « la bible est parole de Dieu »

Il y a une différence fondamentale entre ces trois formulations « La bible est parole de Dieu », « la bible est une parole de Dieu » et « la bible est LA parole de Dieu ». C’est bien avec cette dernière formulation que j’ai des difficultés. Si je parle d’une personne par exemple qui s’appelle Martine, dire « Martine est une femme », ou « Martine est femme » signifie que cette personne est de sexe féminin; vérifier ce critère permet de pouvoir affirmer ou être en désaccord avec cette affirmation. Dire « Martine est LA femme » prend un tout autre sens, et d’ailleurs n’a que peu de sens en tant que tel ; il faudrait rajouter « LA femme d’André », par exemple, ce qui prendrait alors le sens qu’ils sont mariés et non polygame, qu’il y a une exclusivité. C’est cette exclusivité qui me pose beaucoup de problèmes, cela signifierait que la Parole de Dieu est figée, que Dieu n’intervient plus et que Sa Parole n’est plus « vivante » mais figée dans ce texte. Dire ce que disent les catholiques après avoir lu un texte : « parole du Seigneur », est assez différent à mon sens, car cela signifie que le texte qui vient d’être lu et partagé est reconnu comme Parole de Dieu. Dieu parle aujourd’hui, à travers la bible, à travers des hommes et des femmes, … et dans tous les cas, c’est à chacun de discerner et de remettre ces paroles devant Dieu pour savoir si celles-ci viennent de Lui ou non.
Jésus nous a donné une relation directe avec Dieu, il nous a permis de le rencontrer de façon intime, de vivre avec Lui en nous, aidé par le Saint Esprit que Dieu nous a envoyé et par sa Parole (Jésus et son témoignage, notamment à travers les écritures du nouveau testament ; tous les textes de la bible, les paroles qu’Il nous donne personnellement ou nous fait parvenir à travers/par d’autres.).
Jésus, dont les chrétiens sont censés être les disciples, ne nous enseigne pas une vision « intellectuelle » des choses, une compréhension basée uniquement sur du raisonnement, il me semble. Il ne nous a pas laissé d’écrits alors qu’il savait très vraisemblablement écrire. Les évangiles, écris après la mort de Jésus et par des gens qui ne l’ont pas connu de son vivant, ont des incohérences historiques et factuelles l’un par rapport à l’autre, ce qui, pour moi, renforce leur crédibilité (par exemple, le nombre de passages de Jésus à Jérusalem, le lieu de sa naissance, etc…). L’église des premiers chrétiens n’a pas voulu faire un seul évangile et remettre tout d’ « équerre » pour imposer une vision des choses, mais elle a gardé des textes (y compris d’autres textes dits « apocryphes », ce qui signifient « cachés », qui ont été évité et oublié seulement plus de 300 ans après J-C, mais étaient, pour un certains nombre, utilisés par les premiers chrétiens). Les débuts du christianisme furent remplis de débats diverses, de visions et d’interprétations différentes,... Jésus avait tellement marqué les esprits et laissé une telle remise en question de la religion juive sans donner de nouvelle « doctrine », ou de règles que de nombreuses interprétations ont vu le jour. Jésus, de plus, s’est toujours considéré comme Juif, il n’a jamais renié cette religion mais en a critiqué le fonctionnement. Et la question de qui il était, de la trinité, et autres, était en débats, en questionnement. Lors du choix des textes dits « canoniques », de grands débats existaient encore chez les chrétiens et choisir de garder 4 évangiles montre une volonté de laisser des visions différentes et complémentaires de qui fut Jésus, de son témoignage de vie, des conséquences à en tirer. Il est d’ailleurs étonnant que beaucoup de chrétiens opposés au catholicisme, à l’histoire de l’église, à son lien avec la politique,… rejettent en bloc l’institution et bonnes parties des dogmes qui en ont découlé mais n’émettent aucune réserve quand à ce choix des textes intervenus au moment même du rapprochement entre l’ « église » et la politique de l’empereur romain. (hormis les textes Apocryphes pour les protestants).


Radicalité mesurée

En général, les personnes qui disent vouloir appliquer la bible « à la lettre » et la considèrent comme LA parole de Dieu, adaptent les choses ou, suite à des études poussées, expliquent qu’elles ne veulent pas forcément dire ce qu’on comprend au premier abord. C’est ainsi que l’on peut entendre « oui mais il faut remettre ceci dans le contexte du texte », ou « Dans le contexte de l’époque,… » ou encore « dans la version hébreuse / grecque, c’est différent »,… Bien évidemment je ne critique nullement la démarche intellectuelle faite par certains pour mieux comprendre, questionner,… (bien au contraire !). Ceci dit parfois on s’en réfère à des écrits, des auteurs, … qui ont écris sur les textes de la bible et ont notre façon de penser, confirment nos visions et fournissent des arguments permettant de continuer à affirmer et soutenir nos positions. Dans tous les cas, il est difficile pour une personne dans une église de garder ses positions, non parce qu’il serait réellement convaincu d’avoir tord, mais que certaines choses – qui peuvent lui paraître des détails, d’où l’acceptation de « plier », le renoncement à s’affirmer –, seront mal acceptés et le mettront à l’écart. En particulier, si cette personne est arrivée récemment dans l’assemblée et a découvert / transformé sa foi « récemment ». Or ces personnes « neuves » sont celles qui peuvent amener les meilleurs questions, faire avancer, réfléchir,… d’autant plus s’ils ont fait une réelle rencontre spirituelle avec Dieu. Leur « fraicheur » dans la foi fait qu’ils ne sont pas « formatés », sont plus aptes à la remise en questions,…
Les personnes « radicales », convaincues et convaincantes, lorsque l’on discute avec elles, montrent que beaucoup de leur convictions sont étayées, réfléchies,… La part intellectuelle prend bien une part très importante et nous retrouvons ici mes questionnements quant à la part trop importante laissée parfois à celle-ci, sans réels contestations d’ailleurs (il faut écouter réellement les avis des autres, particulièrement ceux qui ont des grosses divergences, étayées, réfléchies pour être vraiment remis en question, ce qui est rarement fait ou alors juste pour « contrer les arguments », d’où une lecture régulière d’auteurs qui « brossent dans le sens du poils » nos convictions et donnent de réels argumentaires pour éviter d’être convaincus ou bouleversés par les autres !!). L’argumentation à outrance et la peur d’être contrarié dans ses convictions est pour moi une marque de faiblesse et de manque de relation intense/forte avec Dieu, relation qui permet d’écouter (dans le vrai sens du terme) toute forme de pensées, aussi éloignées de la notre soient-elles, sans peur de se « perdre » tant cette relation avec Dieu nous apaise et redonne la bonne marche à suivre, le bon tri à faire. Cette « bonne marche à suivre », pour la part que je pourrai en expliquer (la part intellectuelle), ne sera pas pour autant LA vérité mais une vision que Dieu me laisse, qui est bonne pour moi (ma Vérité étant uniquement Dieu !!). Nous voulons trop souvent faire passer nos « convictions » avant de parler de Dieu, de notre relation intime à Lui, et d’être à son écoute pour savoir ce qu’Il aimerait qu’on partage à la personne en face de nous. Nous parlons souvent avant de connaître et de respecter qui est l’autre, quelles sont ses révélations, de se laisser percuter par lui (je prends largement pour moi cette dernière phrase !!)

Encore une histoire

Une histoire racontée par Frédéric Lenoir dans « Socrate, Jésus, Bouddha », que j’ai fini de lire en pleine finition de cet article, m’a profondément touché : le Dalaï Lama rencontre un anglais et son jeune fils qui vient de perdre sa femme dans un accident tragique. Le Dalaï Lama le prend dans ses bras et pleure avec lui pendant de longues minutes. L’anglais lui dit alors qu’il est devenu bouddhiste après avoir été trop longtemps déçu par le christianisme. Le Dalaï Lama prend alors une icône orthodoxe du Christ et de Marie qu’il possède, la lui remet et lui dit « Bouddha est ma voie, Jésus est ta voie ». L’anglais dit avoir été bouleversé et avoir retrouvé le chemin de la foi chrétienne suite à cette rencontre. Quelle leçon !!

Encore une fois, Dieu se révèle aussi et surtout au cœur des Hommes. La parole (au sens large et habituel du terme) est ce qui permet d’échanger, de partager, de réfléchir, de faire comprendre un point de vue, une idée, de mettre des mots sur ce qui a été ressenti, vécu, pour le partager. La Parole de Dieu est pour moi autre chose, qui touche au plus profond le cœur de l’Homme comme Jésus le faisait avant même de parler aux gens. Dieu s’est servi d’un homme pour nous parler (il s’est « fait » homme), non uniquement pour nous parler par des discours mais par sa Vie, son témoignage, un exemple de « comment vivre en tant qu’être humain dans ce monde ». Cet homme, loin des images attendues (puissance, éloquence, beauté, domination, intellectualisme, autorité politique ou religieuse,…) est simple, pleinement humain (il aime, pleure, mange, s’énerve,…), pleinement divin (il fait des miracles, mais toujours par amour des autres et jamais pour faire une démonstration de puissance). Il est un modèle de conviction, allant jusqu’à la mort pour ne pas renier le message qu’Il a reçu de Dieu, et ce, même si des religieux puissants tentent de l’impressionner et de le faire plier. Et c’est ce qu’Il nous demande de vivre depuis 2000 ans.
Dieu a aussi parlé à travers d’être humains choisis mais toujours présentés « humains et pêcheurs » même « plus » que les autres (Paul persécute les chrétiens et « fait ce qu’il ne voudrait pas faire », Pierre renie Jésus, Abraham couche avec sa servante ne voyant pas la promesse arriver, David tue le marie d’une femme pour la faire sienne, etc). Il ne nous demande pas de changer par nous-même notre humanité mais de vivre une relation intime à Lui et de nous laisser transformer par Lui, comme Jésus, pour être prêt, non pas à rentrer dans un moule quelconque, à suivre des gens, des convictions en particulier, mais prêt à pouvoir discerner dans chaque situation ce qu’il faut penser, dire,… Non des réponses toutes faites et ressassées chaque fois, mais des réponses spécifiques, données pour des situations données. (Comme Jésus qui justifie devant les pharisiens ses disciples de ne pas faire shabbat, ou qui se justifie de guérir un jour de shabbat ; non qu’il ne le respecte jamais, mais que là il y a quelque chose de plus important et qu’Il sait qu’Il fait à ce moment-là, la volonté de son père). Voilà à mon sens notre chemin, notre vérité et ce que doit devenir notre Vie en tant que chrétien (disciple de Jésus).


Parole et logos

La question de la parole/logos, qui serait antérieure à l’être humain, a occupé énormément la philosophie grecque. La parole est fondamentale pour l’être humain, pour réfléchir, partager, … Nous sommes sans cesse entrain de parler ou de nous parler, de mettre des mots sur les choses. Essayez d’imaginer la vie sans paroles (qu’elles soient réelles ou intérieures) !! Pour autant se servir de la parole pour argumenter, étayer, réfléchir n’est pas la tasse de thé de tout le monde.
Nous sommes telles que nous sommes, avec nos qualités, nos facilités,… Personnellement, le langage, la discussion, le partage sont indispensables à ma vie, et j’aime faire cette démarche intellectuelle d’échange, d’explication de ce que j’ai vécu (ce que je tente de faire dans ce blog) ; ceci dit, même si cela me procure un certains plaisir, une façon de me réalise, ce n’est souvent qu’une façon de partager un vécu intime, sensationnel, sentimental,… Cependant, qu’une personne ne soit pas capable, ou ne veuille pas vivre ceci, ne signifie en rien qu’elle ne vive pas de belles et fortes choses intérieurement, et n’ait pas une révélation importante. Il ne faut donc pas « casser » cette révélation, mais au contraire aider et encourager à mettre des mots, à tenter de partager son point de vue, car celui-ci peut faire avancer les autres, les faires grandir, les questionner,…
Dès que des visions amènent des « c’est comme ça », « voilà ce qu’il faut croire », … cela me semble aller à l’encontre de cette vision d’encouragement.


Pour conclure (si c’est possible…)

Je nuancerai cette phrase de titre en reprenant ce qu’en disait Luther « La bible est porteuse de La Parole de Dieu » ; c’est-à-dire que, pour moi, Dieu a parlé à des hommes dans la bible et qu’il est bon d’en avoir le récit, Dieu parle aujourd’hui à travers la bible à condition de le rechercher et d’être inspiré par le Saint Esprit ; mais Dieu parle aussi de pleins d’autres façons, chaque jour et dans le cœur de chaque Homme qui désire l’écouter. La bible n’est donc pas LA parole de Dieu mais contient des paroles de Dieu.
Difficile donc, en tant que disciple de Jésus qui aime lire le plus régulièrement possible sa bible, de se faire définir comme « libéral » quand ma recherche est une radicalité pour Dieu et une compréhension la plus précise possible de qui était Jésus et quel Chemin Il nous a donné. Difficile aussi de se faire limite traiter d’hérétique ou de personne éloignée de Dieu, par le simple fait de ne pas faire de la bible un objet de culte, une des 3 parties de la trinité, un objet de division entre les gens,… Cette bible auquel tant de croyants n’avaient pas accès lors des 1900 premières années du christianisme, cette bible que Paul et Jean ne possédaient pas quand ils parlaient de la Parole de Dieu,… 
La priorité demeure, pour moi, le respect de la révélation de chacun tant que ces derniers ne cherchent pas à imposer leur révélation aux autres et à considérer que seul leur vérité compte.