Avant propos 1 : (Aout 2011) Merci
aux lecteurs de ce blog. Beaucoup de temps écoulé depuis mon dernier article,
pas grand chose à dire pendant un certains temps (et oui ça m’arrive), pas le
temps ensuite et puis un manque de motivation… Bon je vais me reprendre mais
j’aurai bien moins le temps pour cette nouvelle année scolaire donc… soit je
réduis les articles (je sais que je ferai des heureux !!) soit j’en ferai
moins… on verra !
Avant propos 2 : (Janvier 2012) Il m’a
fallu plus de 6 mois pour boucler ce texte, la reprise d’un plein temps a eu
raison de moi…Pour attaquer 2012, je vais quand même recommencer à écrire un
peu, nous verrons si ce sera plus régulièrement que la deuxième partie de
2011 !! J’espère que ceux qui seraient rebutés par le titre, prendront le
temps d’aller jusqu’au bout et d’essayer de comprendre ce point de vue qui en est
un parmi d’autre et ne se veut en rien être la vérité. Cet article est très
long, mais après 6 mois, il fallait quand même de la matière !!
(Je conseille aux nouveaux lecteurs une
lecture chronologique, donc inverse de la présentation de ce blog pour mieux
comprendre le cheminement de ma pensée – oui, je suis désolé, je ne sais pas
mettre les articles dans l’autre ordre et ne sais pas si c’est possible
d’ailleurs !).
« La bible est la parole de Dieu »
Difficile en tant que
chrétien d’aller contre cette phrase ; particulièrement dans les milieux
évangéliques pour qui cette « vérité » relève quasiment du dogme et
semble aussi indispensable à croire que la transsubstantiation – présence
réelle du corps et du sang du Christ dans l’eucharistie – chez les catholiques,
voir que la trinité ou le fait que Jésus soit le fils de Dieu.
J’avais rarement eu
envie de parler de ce sujet, tant il ne me paraissait pas fondamental pour
vivre ma foi mais devant les réponses dures, violentes faisant suite à une
simple nuance apportée à cette phrase, j’ai été poussé à creuser la question.
De nombreuses personnes font dire ce qu’ils veulent à la bible et sortent cette
phrase pour « obliger » des gens à adhérer à leurs projets. Et puis
la distinction entre « parole de Dieu » et « écritures »
étant faite dans la bible, certaines phrases bibliques prennent un tout autre
sens si on remplace « parole de Dieu » par « bible » en
lisant.
Le point de départ de
cet article vient d’une discussion qui date de plus d’un an ; discussion
pendant laquelle je remettais en question cette phrase (qui permettaient à mon
interlocuteur de justifier des choses qui ne me semblaient pas justes et
surtout de me les imposer comme « Vérité »). Celui-ci me demanda
« Et bien dis-le alors, dis le : la bible n’est pas la parole de
Dieu ». Bien évidemment le dire de cette façon est complexe et peut-être
très mal compris, et la personne qui me le demandait savait très bien dans
quelle situation elle me mettait, moi qui lit très régulièrement la bible et
accorde une grande importance à ses enseignements. C’était une provocation mais
qui m’a amené à une réelle réflexion sur ce que je pensais réellement, et m’a
incité à trouver des réponses pour ne pas me retrouver dans cette situation
impossible où en répondant je me mettais mal à l’aise et caricaturais ma
pensée, et en reniant, je donnais raison à des choses auxquelles je n’adhérais
pas.
S’en suivirent deux
moments clés : une discussion il y a environ six mois avec une personne
assez fermée qui affirmait des choses et ne permettait pas vraiment un avis différent
du sien, puis une prédication basée sur cette phrase de départ « la bible
est La Parole de Dieu », prédication qui, je pense, pouvait amener à des
dérives certaines et me permis de me voir classé dans la case des « protestants
libéraux », ce qui, au vue de mes convictions politiques, m’a semblé fort
drôle (pour une fois qu’on me « traite » de libérale, ça
change !! lol).
La focalisation sur
l’ « intellect »
Dire « la bible est
La Parole de Dieu » signifie que tout se trouve dedans, et que c’est par
une étude réfléchie et intellectuelle que l’on peut parvenir à décrypter – ou
se rapprocher - de La Vérité. Cette
façon de voir les choses est souvent en lien avec des « études
bibliques », soit dans des écoles soit au moyen de livres, qui donnent de
surcroit une certaines façons de lire les choses, de les comprendre, de les
analyser, …
Un des point qui m’a le
plus dérangé est cette focalisation sur la lecture, le raisonnement, … Durant
les deux derniers millénaires, il y a eu bien plus de personnes ne sachant pas
lire que de personnes sachant lire. Aujourd’hui encore, nombre d’entre nous
n’aiment pas lire (voir ne savent pas), d’autant moins un livre aussi complexe,
et n’aiment pas non plus raisonner, argumenter, rechercher intellectuellement
(« se prendre la tête » comme on me dit souvent). La « Parole de
Dieu » serait donc réservée aux érudits, aux gens capables de raisonnements,…
(il ne s’agit pas juste de lire, mais de comprendre, d’être capable de remettre
en question, de ne pas suivre un courant ou une façon de penser,…). Ce qui pour
moi pose problème avec une phrase de Jésus :
Texte
de l'Évangile (Mt
11,25-27): «Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta
louange: ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l'as révélé aux
tout-petits».
Je ne recherche pas ici
une guéguerre de passages bibliques, mais force est de constater, qu’en lisant
les évangiles, le discours de Jésus est plus porté vers une accessibilité à
tous et surtout aux moins savants que vers une recherche intellectuelle réservée
à ceux qui en ont la capacité (à l’époque de Jésus, Paul et autres, très très
peu de personnes savent lire et les livres ne sont pas très rependus).
Une autre lecture…
Texte
de l'Évangile (Timothée
2, 3–16): «Toute Ecriture est
inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour
instruire dans la justice, ».
Associer, dans cette
phrase des écritures, « bible » et « Parole de Dieu »
revient à dire que pour « reprendre » un frère, la Parole de Dieu ne
serait pas « nécessaire et suffisante » mais seulement
« utile » ; et que la Parole de Dieu est « inspirée de
Dieu ». Je crois volontiers que la bible, les écritures, sont inspirés de
Dieu mais la Parole de Dieu EST Dieu. Le début de l’évangile de Jean est très
explicite sur ce point. Dans sa vision de la trinité, Jean parle de Dieu, le
Père ; du Saint esprit et de la Parole, qui pour moi est Jésus.
Texte
de l'Évangile (Jean 1, 1): «Au commencement était
la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu. ».
La Parole est donc,
selon Jean, antérieure à Jésus (je parlerai de « Jésus », celui qui a
été homme et présent sur la terre pendant une trentaine d’années). Pour moi,
cette Parole est le « contact réel et intelligible de Dieu avec les Hommes »,
comme par exemple quand Dieu parle au début de la Genèse et que l’Homme
l’entend et lui répond (Dieu parle même avant la présence de l’Homme, d’où ce
« Au commencement était la Parole » ; notamment pour créer la
terre. La Parole est créatrice et est avec Dieu dès le commencement). De même,
quand Dieu parle avec Moïse, etc… Jésus est LA Parole qui s’est faite
chair, Dieu qui s’est fait Homme pour parler
à l’Homme, lui montrer un chemin par un témoignage de vie (et non un
« raisonnement »), le toucher au plus profond de son cœur dans une
relation personnelle (inconcevable pour la plupart des croyants avant Jésus) et
réaliser, par sa mort, un acte spirituel et « intellectuel » (un sens
profond à ce sacrifice) puissant.
Une petite histoire
Ma sœur est handicapée,
mentale et moteur. Elle parle difficilement, ne sait pas lire. Mais elle prie,
aime Dieu, vit des moments intenses, que l’on peut observer, avec Dieu. Je suis
persuadé qu’elle a un contact privilégié avec Lui, qu’elle reçoit sa Parole.
Pour autant, lui demander de lire, ou lui faire la lecture des histoires de
l’ancien ou du nouveau testament est quasiment sans effet sur elle, au moins du
point de vue de la compréhension. C’est comme cela que je comprends le message
de Jésus quand il parle des « tout petits » ; et je crois
intimement que certains ont cette chance de pouvoir avoir une relation intime
qui passe peu par « l’intellect » mais qui est d’autant plus touchant
et fort avec Dieu.
Conséquences de cette
association
Une des conséquences – qui
me semble la plus dangereuse – est la possibilité de rentrer dans une vision
religieuse (au sens où Jésus le critiquait) avec des gens qui imposent leur
interprétation de la bible et rendent cette interprétation obligatoire pour
tous. De cette façon, de nombreuses phrases peuvent être prises pour imposer
diverses lois, diverses façon de fonctionner.
Dire « nous nous
appuyons sur la Parole de Dieu » (ce que je veux faire aussi) prend donc
le sens de « nous nous appuyons sur la bible ». Or, il y a pour moi,
impossibilité de fonder nos convictions, et encore moins celle d’une assemblée,
sur un texte. C’est Dieu qui nous révèle les choses, il se sert de nombreux
moyens, y compris de la bible qui est un texte fort, puissant et, en
particulier pour le nouveau testament, nous relatant la vie de Jésus, ce Jésus qui
est le chemin à suivre pour tout chrétien, Celui qui nous offre de nous examiner,
en comparaison avec sa Vie, pour savoir si nous sommes ses disciples.
Il faut bien évidemment
faire très attention car le chemin est étroit (mais n’est-ce pas ce que nous
dit Jésus sur le chemin que nous avons à suivre) : replacer la bible et la
Parole de Dieu à une place qui me semble plus juste, ne signifie en rien ne pas
se référer aux écritures, n’en tenir aucun compte ou autre, mais au contraire
rappeler que la Parole de Dieu est plus que ça, qu’Elle est à écouter au fond
de notre coeur, qu’Elle est notre chemin, notre Vérité (Elle EST Dieu selon
Jean). Séparer donc ces deux choses permet de redonner la place qui est due
dans nos vies à la Parole de Dieu et de ne pas faire de la bible, Dieu. En
effet, si l’on reprend le début de Jean en associant « bible » et « Parole
de Dieu », cela donne « Au commencement était la bible et la bible
était avec Dieu et la bible était Dieu » !!
« LA » et
non « une » ou « la bible est parole de Dieu »
Il y a une différence
fondamentale entre ces trois formulations « La bible est parole de
Dieu », « la bible est une parole de Dieu » et « la bible
est LA parole de Dieu ». C’est bien avec cette dernière formulation que
j’ai des difficultés. Si je parle d’une personne par exemple qui s’appelle
Martine, dire « Martine est une femme », ou « Martine est
femme » signifie que cette personne est de sexe féminin; vérifier ce
critère permet de pouvoir affirmer ou être en désaccord avec cette affirmation.
Dire « Martine est LA femme » prend un tout autre sens, et d’ailleurs
n’a que peu de sens en tant que tel ; il faudrait rajouter « LA femme
d’André », par exemple, ce qui prendrait alors le sens qu’ils sont mariés et
non polygame, qu’il y a une exclusivité. C’est cette exclusivité qui me pose
beaucoup de problèmes, cela signifierait que la Parole de Dieu est figée, que
Dieu n’intervient plus et que Sa Parole n’est plus « vivante » mais
figée dans ce texte. Dire ce que disent les catholiques après avoir lu un
texte : « parole du Seigneur », est assez différent à mon sens,
car cela signifie que le texte qui vient d’être lu et partagé est reconnu comme
Parole de Dieu. Dieu parle aujourd’hui, à travers la bible, à travers des
hommes et des femmes, … et dans tous les cas, c’est à chacun de discerner et de
remettre ces paroles devant Dieu pour savoir si celles-ci viennent de Lui ou
non.
Jésus nous a donné une
relation directe avec Dieu, il nous a permis de le rencontrer de façon intime,
de vivre avec Lui en nous, aidé par le Saint Esprit que Dieu nous a envoyé et
par sa Parole (Jésus et son témoignage, notamment à travers les écritures du
nouveau testament ; tous les textes de la bible, les paroles qu’Il nous
donne personnellement ou nous fait parvenir à travers/par d’autres.).
Jésus, dont les
chrétiens sont censés être les disciples, ne nous enseigne pas une vision
« intellectuelle » des choses, une compréhension basée uniquement sur
du raisonnement, il me semble. Il ne nous a pas laissé d’écrits alors qu’il
savait très vraisemblablement écrire. Les évangiles, écris après la mort de
Jésus et par des gens qui ne l’ont pas connu de son vivant, ont des
incohérences historiques et factuelles l’un par rapport à l’autre, ce qui, pour
moi, renforce leur crédibilité (par exemple, le nombre de passages de Jésus à
Jérusalem, le lieu de sa naissance, etc…). L’église des premiers chrétiens n’a
pas voulu faire un seul évangile et
remettre tout d’ « équerre » pour imposer une vision des choses,
mais elle a gardé des textes (y compris d’autres textes dits
« apocryphes », ce qui signifient « cachés », qui ont été
évité et oublié seulement plus de 300 ans après J-C, mais étaient, pour un
certains nombre, utilisés par les premiers chrétiens). Les débuts du
christianisme furent remplis de débats diverses, de visions et
d’interprétations différentes,... Jésus avait tellement marqué les esprits et
laissé une telle remise en question de la religion juive sans donner de nouvelle
« doctrine », ou de règles que de nombreuses interprétations ont vu
le jour. Jésus, de plus, s’est toujours considéré comme Juif, il n’a jamais
renié cette religion mais en a critiqué le fonctionnement. Et la question de
qui il était, de la trinité, et autres, était en débats, en questionnement.
Lors du choix des textes dits « canoniques », de grands débats
existaient encore chez les chrétiens et choisir de garder 4 évangiles montre
une volonté de laisser des visions différentes et complémentaires de qui fut
Jésus, de son témoignage de vie, des conséquences à en tirer. Il est d’ailleurs
étonnant que beaucoup de chrétiens opposés au catholicisme, à l’histoire de
l’église, à son lien avec la politique,… rejettent en bloc l’institution et
bonnes parties des dogmes qui en ont découlé mais n’émettent aucune réserve
quand à ce choix des textes intervenus au moment même du rapprochement entre
l’ « église » et la politique de l’empereur romain. (hormis les
textes Apocryphes pour les protestants).
Radicalité mesurée
En général, les
personnes qui disent vouloir appliquer la bible « à la lettre » et la
considèrent comme LA parole de Dieu, adaptent les choses ou, suite à des études
poussées, expliquent qu’elles ne veulent pas forcément dire ce qu’on comprend
au premier abord. C’est ainsi que l’on peut entendre « oui mais il
faut remettre ceci dans le contexte du texte », ou « Dans le contexte
de l’époque,… » ou encore « dans la version hébreuse / grecque, c’est
différent »,… Bien évidemment je ne critique nullement la démarche intellectuelle
faite par certains pour mieux comprendre, questionner,… (bien au
contraire !). Ceci dit parfois on s’en réfère à des écrits, des auteurs, …
qui ont écris sur les textes de la bible et ont notre façon de penser,
confirment nos visions et fournissent des arguments permettant de continuer à
affirmer et soutenir nos positions. Dans tous les cas, il est difficile pour
une personne dans une église de garder ses positions, non parce qu’il serait
réellement convaincu d’avoir tord, mais que certaines choses – qui peuvent lui
paraître des détails, d’où l’acceptation de « plier », le renoncement
à s’affirmer –, seront mal acceptés et le mettront à l’écart. En particulier,
si cette personne est arrivée récemment dans l’assemblée et a découvert /
transformé sa foi « récemment ». Or ces personnes
« neuves » sont celles qui peuvent amener les meilleurs questions,
faire avancer, réfléchir,… d’autant plus s’ils ont fait une réelle rencontre
spirituelle avec Dieu. Leur « fraicheur » dans la foi fait qu’ils ne
sont pas « formatés », sont plus aptes à la remise en questions,…
Les personnes
« radicales », convaincues et convaincantes, lorsque l’on discute
avec elles, montrent que beaucoup de leur convictions sont étayées,
réfléchies,… La part intellectuelle prend bien une part très importante et nous
retrouvons ici mes questionnements quant à la part trop importante laissée
parfois à celle-ci, sans réels contestations d’ailleurs (il faut écouter
réellement les avis des autres, particulièrement ceux qui ont des grosses divergences,
étayées, réfléchies pour être vraiment remis en question, ce qui est rarement
fait ou alors juste pour « contrer les arguments », d’où une lecture
régulière d’auteurs qui « brossent dans le sens du poils » nos
convictions et donnent de réels argumentaires pour éviter d’être convaincus ou
bouleversés par les autres !!). L’argumentation à outrance et la peur
d’être contrarié dans ses convictions est pour moi une marque de faiblesse et
de manque de relation intense/forte avec Dieu, relation qui permet d’écouter
(dans le vrai sens du terme) toute forme de pensées, aussi éloignées de la
notre soient-elles, sans peur de se « perdre » tant cette relation
avec Dieu nous apaise et redonne la bonne marche à suivre, le bon tri à faire.
Cette « bonne marche à suivre », pour la part que je pourrai en
expliquer (la part intellectuelle), ne sera pas pour autant LA vérité mais une
vision que Dieu me laisse, qui est bonne pour moi (ma Vérité étant uniquement
Dieu !!). Nous voulons trop souvent faire passer nos « convictions »
avant de parler de Dieu, de notre relation intime à Lui, et d’être à son écoute
pour savoir ce qu’Il aimerait qu’on partage à la personne en face de nous. Nous
parlons souvent avant de connaître et de respecter qui est l’autre, quelles
sont ses révélations, de se laisser percuter par lui (je prends largement pour moi cette dernière phrase !!)
Encore une histoire
Une histoire racontée
par Frédéric Lenoir dans « Socrate, Jésus, Bouddha », que j’ai fini
de lire en pleine finition de cet article, m’a profondément touché : le
Dalaï Lama rencontre un anglais et son jeune fils qui vient de perdre sa femme
dans un accident tragique. Le Dalaï Lama le prend dans ses bras et pleure avec
lui pendant de longues minutes. L’anglais lui dit alors qu’il est devenu
bouddhiste après avoir été trop longtemps déçu par le christianisme. Le Dalaï
Lama prend alors une icône orthodoxe du Christ et de Marie qu’il possède, la
lui remet et lui dit « Bouddha est ma voie, Jésus est ta voie ».
L’anglais dit avoir été bouleversé et avoir retrouvé le chemin de la foi
chrétienne suite à cette rencontre. Quelle leçon !!
Encore une fois, Dieu se
révèle aussi et surtout au cœur des
Hommes. La parole (au sens large et habituel du terme) est ce qui permet
d’échanger, de partager, de réfléchir, de faire comprendre un point de vue, une
idée, de mettre des mots sur ce qui a été ressenti, vécu, pour le partager. La
Parole de Dieu est pour moi autre chose, qui touche au plus profond le cœur de
l’Homme comme Jésus le faisait avant même de parler aux gens. Dieu s’est servi
d’un homme pour nous parler (il s’est « fait » homme), non uniquement
pour nous parler par des discours mais par sa Vie, son témoignage, un exemple
de « comment vivre en tant qu’être humain dans ce monde ». Cet homme,
loin des images attendues (puissance, éloquence, beauté, domination,
intellectualisme, autorité politique ou religieuse,…) est simple, pleinement
humain (il aime, pleure, mange, s’énerve,…), pleinement divin (il fait des
miracles, mais toujours par amour des autres et jamais pour faire une
démonstration de puissance). Il est un modèle de conviction, allant jusqu’à la
mort pour ne pas renier le message qu’Il a reçu de Dieu, et ce, même si des
religieux puissants tentent de l’impressionner et de le faire plier. Et c’est
ce qu’Il nous demande de vivre depuis 2000 ans.
Dieu a aussi parlé à
travers d’être humains choisis mais toujours présentés « humains et
pêcheurs » même « plus » que les autres (Paul persécute les
chrétiens et « fait ce qu’il ne voudrait pas faire », Pierre renie
Jésus, Abraham couche avec sa servante ne voyant pas la promesse arriver, David
tue le marie d’une femme pour la faire sienne, etc). Il ne nous demande pas de
changer par nous-même notre humanité mais de vivre une relation intime à Lui et
de nous laisser transformer par Lui, comme Jésus, pour être prêt, non pas à
rentrer dans un moule quelconque, à suivre des gens, des convictions en
particulier, mais prêt à pouvoir discerner dans chaque situation ce qu’il faut
penser, dire,… Non des réponses toutes faites et ressassées chaque fois, mais
des réponses spécifiques, données pour des situations données. (Comme Jésus qui
justifie devant les pharisiens ses disciples de ne pas faire shabbat, ou qui se
justifie de guérir un jour de shabbat ; non qu’il ne le respecte jamais,
mais que là il y a quelque chose de plus important et qu’Il sait qu’Il fait à
ce moment-là, la volonté de son père). Voilà à mon sens notre chemin, notre
vérité et ce que doit devenir notre Vie en tant que chrétien (disciple de Jésus).
Parole et logos
La question de la parole/logos,
qui serait antérieure à l’être humain, a occupé énormément la philosophie
grecque. La parole est fondamentale pour l’être humain, pour réfléchir,
partager, … Nous sommes sans cesse entrain de parler ou de nous parler, de
mettre des mots sur les choses. Essayez d’imaginer la vie sans
paroles (qu’elles soient réelles ou intérieures) !! Pour autant se
servir de la parole pour argumenter, étayer, réfléchir n’est pas la tasse de
thé de tout le monde.
Nous sommes telles que
nous sommes, avec nos qualités, nos facilités,… Personnellement, le langage, la
discussion, le partage sont indispensables à ma vie, et j’aime faire cette
démarche intellectuelle d’échange, d’explication de ce que j’ai vécu (ce que je
tente de faire dans ce blog) ; ceci dit, même si cela me procure un certains
plaisir, une façon de me réalise, ce n’est souvent qu’une façon de partager un
vécu intime, sensationnel, sentimental,… Cependant, qu’une personne ne soit pas
capable, ou ne veuille pas vivre ceci, ne signifie en rien qu’elle ne vive pas
de belles et fortes choses intérieurement, et n’ait pas une révélation
importante. Il ne faut donc pas « casser » cette révélation, mais au
contraire aider et encourager à mettre des mots, à tenter de partager son point
de vue, car celui-ci peut faire avancer les autres, les faires grandir, les
questionner,…
Dès que des visions
amènent des « c’est comme ça », « voilà ce qu’il faut
croire », … cela me semble aller à l’encontre de cette vision d’encouragement.
Pour conclure (si
c’est possible…)
Je
nuancerai cette phrase de titre en reprenant ce qu’en disait Luther « La
bible est porteuse de La Parole de Dieu » ; c’est-à-dire que, pour
moi, Dieu a parlé à des hommes dans la bible et qu’il est bon d’en avoir le
récit, Dieu parle aujourd’hui à travers la bible à condition de le rechercher
et d’être inspiré par le Saint Esprit ; mais Dieu parle aussi de pleins
d’autres façons, chaque jour et dans le cœur de chaque Homme qui désire
l’écouter. La bible n’est donc pas LA parole de Dieu mais contient des paroles
de Dieu.
Difficile
donc, en tant que disciple de Jésus qui aime lire le plus régulièrement
possible sa bible, de se faire définir comme « libéral » quand ma
recherche est une radicalité pour Dieu et une compréhension la plus précise
possible de qui était Jésus et quel Chemin Il nous a donné. Difficile aussi de
se faire limite traiter d’hérétique ou de personne éloignée de Dieu, par le
simple fait de ne pas faire de la bible un objet de culte, une des 3 parties de
la trinité, un objet de division entre les gens,… Cette bible auquel tant de
croyants n’avaient pas accès lors des 1900 premières années du christianisme, cette
bible que Paul et Jean ne possédaient pas quand ils parlaient de la Parole de
Dieu,…
La priorité demeure,
pour moi, le respect de la révélation de chacun tant que ces derniers ne
cherchent pas à imposer leur révélation aux autres et à considérer que seul
leur vérité compte.